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copyright Kurtzmann-Elder / Hors Collection 2001

copyright Kurtzmann-Elder / Hors Collection 2001

Création de l’immense Harvey Kurtzmann, fondateur par ailleurs d’un certain magazine MAD mondialement connu, et du non moins talentueux Will Elder, Little Annie Fanny est une oeuvre très paradoxale. Publiée dans les pages de Playboy USA, elle est bien plus qu’une oeuvre « sexy ». Sa longévité (plus de 25 ans !) en témoigne.

Certes, la plastique irréprochable de l’héroïne, sa candeur dans ce monde de brutes et sa tendance à se retrouver dénudée pour un oui ou pour un non font que cette série ne dépare pas les pages du magazine au lapin blanc. Cependant, tout comme Playboy, elle est bien plus complexe qu’elle n’y paraît.

Little Annie Fanny est ainsi le support idéal pour faire passer toutes les idées « subversives » du tandem. Politique, argent, modes, sport, aucun domaine n’échappe à la griffe du duo, dans une peinture sociale acide et étrangement toujours d’actualité, même pour les plus anciens épisodes qui remontent à 1962. De Gaulle, Sean Connery, Marcello Mastroianni, Woody Allen, Arnold Schwartzenegger, tous font des apparitions dans les pages de Little Annie Fanny aussi improbables que décapantes, tout à fait dans la veine de ce qu’est MAD, maniant avec bonheur humour absurde, potache et pince-sans-rire. Le talent de Kurtzmann est tel qu’on n’a aucun mal à reconnaître les personnalités qu’il caricature… pour peu qu’on les connaisse bien sûr !

copyright Kurtzmann-Elder / Hors Collection 2001

copyright Kurtzmann-Elder / Hors Collection 2001

C’est donc une fort bonne idée de la part de Hors Collections que d’avoir rassemblé, en quatre tomes, le meilleur de Little Annie Fanny en le classant par période. Du coup, en plus de la bande dessinée, on suit l’évolution politique, sociale, culturelle des Etats-Unis et du reste du monde. D’autant que Hors Collection a pris l’indispensable initiative d’agrémenter les différents tomes de notices explicatives qui aident les lecteurs à décrypter les planches, surtout pour les époques qu’ils n’ont pas connu (je ne lisais pas Playboy USA dans les années 60…)

Little Annie Fanny est donc une lecture surprenante d’intelligence, un vrai panorama de l’histoire et des moeurs de ces quarante dernières années, même si le troisième tome (les années 70) est moins percutant et plus érotique que les précédants. Heureusement, le dernier tome renoue avec l’esprit originel et la satire refait mouche à tous les coups. Un conseil cependant : pour savourer Little Annie Fanny, sachez aller lentement dans les planches et chercher tous les clins d’oeil cachés !